L’amour
Cet article je veux l’écrire depuis longtemps. Ou plutôt c’est lui qui ne demande qu’à sortir de moi. Parce que moi au contraire, je résiste. Tous les prétextes sont bons pour ne surtout pas venir m’installer à mon bureau. D’ailleurs, j’écris depuis mon lit.
Évitement maximum.
Cet article, il est difficile à écrire. J’y parle à la première personne, de mes expériences personnelles. Mais j’offre aussi un point de vue universel, tant les histoires que l’on me raconte se font échos les unes aux autres. Cet article il va m’exposer un peu plus. Me rendre vulnérable. Pourtant, je le sais il est cette avancée nécessaire vers la liberté de choisir. De se choisir.
Il est bordélique, confus, intime, honnête.
L’amour, vaste sujet.
Du plus loin que je me souvienne, l’amour est mon sujet de prédilection. Il est la pulsation qui fait vibrer mon corps et mon esprit. Alchimiste du cœur et de l’âme, j’en ai fait ma mission de vie. Ma raison de vivre. Plonger chaque jour un peu plus dans l’amour de soi et des autres. L’amour a rythmé mes choix les plus décisifs. Il a fait naître en moi des passions effrénées et des souffrances abyssales.
Depuis la nouvelle lune du 21 janvier et date du nouvel an chinois, qui célèbre les lapins, mon signe spirituel, l’année a enfin démarré. Alors quelques jours avant la pleine lune, cet article je l’écris comme un point de départ. Comme une promesse. Comme une libération.
Qu’attends-je de l’amour ? Comment ne plus en avoir peur ? Comment apprendre à vivre chaque jour dans l’amour ? Comment le partager avec un homme ? Et plus largement avec le reste du monde ?
Janvier touche à sa fin et je commence la semaine les yeux écarquillés de tant d’amour, de partage et de joie ressentis ces dernières semaines.
Cela n’a pas été facile bien sûr, mais je peux aujourd’hui affirmer que j’écris un nouveau chapitre de mon histoire. Ce chapitre s’appelle : Observation et Enseignement divin. Et, il est largement guidé par l’Amour.
Avec un grand A. Comme celui qui commence mon prénom et celui de mon fils.
Ces dernières semaines ont été un rite de passage puissant. Libérateur. Et si j’ai récemment répété une énième fois un schéma amoureux que je connais bien, il m'a été offert un espace précieux. Un espace de guérison. Un espace de silence. Je n’ai pas compris tout de suite la bienveillance de cette proposition.
« Imagine une boule à neige, tu sais celle qu’on secoue avec les flocons. Le bon moment, c’est quand tout est redevenu calme. Le bon moment c’est quand tu ne seras plus troublée ».
En décembre, j’ai pris conscience que j’étais traversée par un épisode maniaque. C’est aussi à ce moment-là que j’ai fait l’amour avec un homme que je désirais depuis longtemps. Très longtemps. Ça a été beau, soudain, inattendu. Cette rencontre a touché mon cœur, mon âme et mon corps. Les trois alignés. Sans que j’y sois préparée. Enfin, l’est-on jamais vraiment ?
Et puis plus rien.
Enfin si, hooking, ghosting et orbiting. Autant de mots pour décrire une réalité moderne terriblement triste.
Quand un évitant rencontre une dépendante affective. Situation de rejet, d’abandon, de frustration. État maniaque et rencontre amoureuse ne font jamais bon ménage. Consciente du besoin de calmer les rythmes frénétiques qui m’habitent alors, j’ai pourtant continué à chercher à comprendre, à m’accrocher, à rager.
Et finalement, j’ai laché prise. Plutôt que de rejouer le jeu de la validation externe, j’ai fait le choix d’aller à ma rencontre. Depuis le 8 décembre, jour après jour, avec bienveillance, j’ai mis en place de nouvelles routines. Méditation, lecture, écriture, sport. Autant de mesure d’urgence pour retrouver le calme. Pour atteindre l’apaisement. La reconnexion à soi. Pour apprendre à retrouver le calme chaque fois que j’en ai besoin.
Alors voilà, je me suis demandée.
C’est quoi l’amour ?
De prime abord, l’amour est un sentiment que l’on ressent très fort au plus profond de notre corps, de notre âme. Souvent on parle de feu. De papillons dans le ventre. L’amour est le cœur de la vie. Il est la vie.Il existe sous plusieurs formes : familiale et filiale, amicale, toxique, platonique et puis surtout le romantique. Celui qui nous fascine, qui se complique.
L’amour se décline de manières très diverses, de la tendresse à la sexualité.
« Y a des rêves, des promesses, des mirages qui reviennent cent fois.
Des images et des lèvres, des visages, on n'est pas de bois
Et toutes ces lettres qu’on ne finit pas.
Et ces films et ces livres, ces poèmes qui ne parlent que de ça.
Et ces yeux, ces regards, ces sourires qu'on ne croise qu'une seule fois.
Ce temps qui passe, tous ces mots qu'on ne dit pas.
A quoi il sert ? Cet Amour qui est en nous ? »
Jacques Lacan écrivait “Aimer, c’est donner ce que l’on n’a pas.” Aimer, c’est dire à l’autre, “Je suis un être incomplet et j’ai besoin de toi.”
L’amour c’est ce que nous recherchons tous inexorablement, toute notre vie durant. Il est avant tout fondé sur l’attente d’une rencontre. Il nous révèle tout un potentiel que l’on ignorait.
Le plus grand risque de cette rencontre, surtout si elle est attendue, serait que sa force même soit ressentie comme une menace et conduise à se replier sur soi. L’individu se protège parfois de ses désirs parce qu’en se privant, il devient le maître, et n’est lié à personne. Vouloir plaire, être aimé, réussir, cela implique pourtant de dépendre des autres. De se déposer. De se rendre tout entier.
L’amour et l’abandon
Chaque rencontre est le miroir de notre âme. Jung écrivait « tout ce que nous voyons chez les autres n’est que le reflet de nous-mêmes ».
Rencontrer l’autre peut alors venir nous bouleverser d’une merveilleuse façon : par la rencontre avec soi-même. Mais c’est aussi une rencontre avec la différence, l’inconnu, c’est une découverte qui nous emmène là où nous ne sommes pas, là où parfois nous ne voulons pas aller, d’où des émotions parfois fortes : attirance, répulsion, surprise...
Et si l’amour c’était justement cette capacité humaine à consciemment s’abandonner à l’autre. À s’offrir tout entier tout en sachant qu’il existe un risque à la souffrance.
Le risque d’être rejeté(e), abimé(e), manipulé(e), oublié(e). Ou bien le risque d’être transcendé(e), bouleversé(e), métamorphosé(e), guéri(e)?
Cet abandon, cette ouverture à l’autre, ce dénudement, et non pas seulement physique, ne peuvent être traités qu’avec une extrême délicatesse. Car si cette intimité révélée est formidable, elle peut aussi faire très mal. Les plus sensibles, s’ils s’y sont brûlés, se forgeront une carapace protectrice, et pourront se fermer à ces émotions qui constituent pourtant la vie.
L’Amour et le Sexe
Pendant longtemps, j’ai confondu l’Amour et le sexe. Je me suis laissée griser par des passions torrides, vibrantes et dévorantes. De celles qui vous laisse des traces sur le corps et sur le cœur. Je me suis peu à peu confondue avec les hommes qui sont entrés dans ma vie. Je me suis oubliée souvent. Jusqu’à parfois me laisser sombrer dans des états de dérives émotionnelles et physiques profondes. J’ai pleuré et souffert en pensant que c’était ça l’amour.
Depuis 2 ans, j’ai découvert une autre manière de jouir. Celle d’être en symbiose avec la nature. De ne faire plus qu’un avec les éléments. J’ai été touchée au plus profond de mon être, j’ai joui avec le soleil, avec le vent, avec l’océan. J’ai ressenti des joies orgasmiques d’être vivante, d’être caressée par le soleil, de contempler l’océan, de sentir le vent dans mes cheveux.
Alors finalement, après un an d’abstinence, une question me taraude. Sommes-nous seulement la somme de nos désirs ? De nos pulsions ? Quelle est la place du sexe dans la relation amoureuse? L’être humain n’est-il qu’un animal doté d’une conscience ?
Bien moins que le sexe, je crois que tous à notre façon nous recherchons la connection à l’autre. La douceur d’être touché(e), caliné(e), choyé(e), compris(e), écouté(e). L’intimité de deux êtres partageant l’un avec l’autre leurs âmes.
Pourquoi une chose qui devrait être si belle fait tant souffrir ? Pourquoi est-ce si compliqué ? Pourquoi est-ce si difficile à donner à son prochain ? Et puis surtout à recevoir.
L’amour et la peur
L’amour, j’y connais quoi moi au fond. A part avoir l’impression d’avoir le cœur brisé depuis 20 ans.
De mes premières expériences traumatisantes à mes relations amoureuses passionnelles parfois violentes en passant par mon mariage avorté, l’amour n’a été jusqu’ici qu’une succession de prisons émotionnelles pour la dépendante affective que j’ai longtemps été.
L’autre jour, Archibald m’a demandé combien d’amoureux j’avais eu dans ma vie. Ma première pensée m’a fait sourire. Impossible de lui dire le nombre, il ne comprendrait pas. Et puis, ensuite j’ai réfléchi. Non, d’amoureux. D’hommes que j’ai aimés profondément. Inconditionnellement. D’un amour qui rend libre. Pas de celui qu’on offre quand on a peur d’être seule. Quand on se sent mal aimée. Rejetée. Abandonnée.
J’ai aimé. Très fort. Mal surement. Enfin, comme j’ai pu. Avec ce que j’avais appris, ce que j’avais compris. J’ai donné mon cœur et mon corps et je me suis ouverte sans jamais me protéger.
Sa question elle m’a fait fondre en larme. J’ai 35 ans et aujourd’hui je n’ai pas honte de vous dire que finalement l’amour je ne sais plus très bien ce que c’est.
Depuis toujours, j’ai oscillé entre mes polarités préférées : adolescente farouche, victime et choquée au moindre rejet puis panthère ultra sexuelle au regard de braise dont il est impossible de résister. Enfin, surtout j’ai pris le rôle de la mère, contrôlante. Celle qui juge. Qui explique à l’autre comment aimer, respecter.
Bourreau. Sauveur. Victime. La trinité toxique.
J’ai forcé le destin. J’ai usé de mes charmes pour obtenir ce que je voulais. J’ai essayé de sauver 100 fois. 1000 fois.
Mais c’était quoi au juste ce que je cherchais ? Serait-ce alors me sauver ? Ne plus être seule ? Arrêter de ressentir ce vide intérieur qui me terrifiait ? Être acceptée et validée ? Me sentir écoutée ? comprise ? Un fantasme ? Une chimère ?
Nous passons notre vie à chercher l’amour chez les uns chez les autres. Nous nous nourrissons parfois sans scrupules de l’énergie des uns et des autres. Nous avons des relations sexuelles « casual », sans lendemains, sans âmes et sans conséquences.
Enfin, surtout sans respect du sacré.
Nous prenons et prenons et prenons encore. Nous consommons à la vitesse de la lumière. L’amour interchangeable. Rapide. Effréné. L’addiction sexflixe.
Instagram devient le nouveau porno pour sapiosexuel. Le théatre des vues et des likes. Des fantasmes virtuels. Malsains. En nous observant les uns aux autres nous pensons apprendre à nous connaître. En fait, nous projetons nos désirs les plus fous et les peurs qui les accompagnent. Nous devenons des fantômes orbitant autour de certaines âmes plus lumineuses que d’autres.
Mais voilà, le sexe est une énergie puissante. Un acte sacré qui peut guérir tout autant qu’il empoisonne. Deux corps qui se traversent laisse une présence dans l’univers.
Et en continuant à avancer sans prendre la responsabilité de nos actions, nous nous faisons du mal. Nous nous renvoyons à la figure nos peurs, nos traumas et nos incertitudes. Nous cultivons un monde sans humanité, sans connexion, dénué d’amour et de respect.
J’ai attiré à moi une multitude d’hommes me miroitant inexorablement le manque d’amour que je me portais. Il y a eu parfois la colère, parfois les mensonges, parfois la violence, souvent l’indifférence.
Mais jamais je n’ai vraiment rencontré l’amour. L’amour inconditionnel. L’amour libre, respectueux. L’amour qui fait grandir. L’amour qui nous rend plus fort. L’amour qui nous fait briller. L’amour tendre. L’amour lent. L’amour qui nous laisse l’espace de grandir. Celui qui n’a pas peur de dire. Celui qui ose. L’amour qui ne flanche pas à la moindre contrariété. L’amour qui communique. L’amour qui ne juge pas. L’amour qui est patient.
Ou bien peut-être que si….
L’amour platonique
Il y a plus d’un an, j’ai rencontré l’amour platonique. Le partenariat idéal, rêvé où se mêle respect, attention, tendresse, entraide et partage. Cet amour je le partage avec une femme. Il a tout du plus bel amour que je n’ai jamais ressenti. La seule différence c’est qu’il n’est pas sexuel. Cet amour est loin d’être facile. Il est exigeant. Fragile. Il demande une attention particulière. Il demande une confiance mutuelle et profonde. Il demande un engagement commun de grandir et d’apprendre. Il demande l’humilité de savoir reconnaitre que l’on a tort.
Cet amour il me montre aussi ce qui me manque. La symbiose de deux corps unissant leur âme, mêlant leur respiration. L’autre se fondant en Soi-même.
L’amour : le vrai, le grand, le beau, le profond.
Pendant longtemps j’ai vécu en couple hétérosexuel traditionnel mariée, partageant vie commune et parentalité. Aujourd’hui, je vis seule avec mon fils et parfois avec une femme. Ou plusieurs. Je rêve de communauté. D’entraide. D’amour Libre.
Toute ma vie, je me suis inventée mille scénarios. J’ai fantasmé, à partir de faits réels, sur des histoires qui n’ont existé que dans ma tête.
J’ai rêvé de restaurants familiaux, de voyages à moto, en bateau. J’ai rêvé de cabane sur une île, d’un mont en Alentejo, de maison sur la falaise. J’ai rêvé d’expédition au bout du monde. J’ai rêvé en français, en anglais, en espagnol, en portugais, en italien. J’ai rêvé de matins douceur. J’ai rêvé de lecture partagée. De silences qui disent tout. J’ai rêvé de longues conversations philosophiques où chacune de nos interrogations seraient abordées avec curiosité, où chacun de nos doutes seraient traités avec tendresse et compassion. J’ai rêvé de liberté, de celle que l’on respecte comme le plus pur des sacrements. De celle que l’on partage. De celle d’être. D’Être au plus proche de notre vérité
Au-delà du mariage, au-delà de la parentalité, au-delà de la cohabitation. J’ai rêvé d’un engagement mutuel. Celui de s’accepter tel que l’on est. De s’offrir, de grandir, de se corriger, de se remettre en question. J’ai rêvé d’une union sacrée.
Et si je l’ai rêvé c’est qu’elle est là. Cet amour existe déjà. Il se compose des particules invisibles que je respire. Et que mon énérgie renvoie à l’univers.
L’amour je commence tout juste à comprendre ce qu’il implique. Après 15 années de travail sur mes ombres, de pleurs, de thérapies, de souffrance, de douleurs, de rencontres, d’expériences aiguisées qui m’ont aidé à grandir, à me questionner, à questionner la société et ses modèles.
La réponse est sans appel.
L’amour commence à l’intérieur de soi. Il se cultive. Il s’arrose. Il prend son temps. Il demande de la patience, de la douceur, de la tendresse, de la compassion, de la tolérance, du courage, de la discipline. De la présence. Mais une fois qu’il est là, il irradie de sa chaleur l’âme, le cœur et le corps. Il inonde votre monde et celui qui vous entoure.
L’amour vous accompagne et enfin vous n’êtes plus jamais seul.